Blaise Bourgeois

Il y a cent ans, les hommes n’utilisaient pas l’électricité, aujourd’hui, ils regardent la télévision sur leurs ordinateurs. Un siècle de métamorphose technologique et notre paysage s’avère être complètement changé. Ce paysage, que l’on observait auparavant peint, cet « ensemble de valeurs ordonnées dans une vision », se métamorphose lui aussi suivant l’implication technologique des outils de représentation et de narration du réel. Aujourd’hui, le paysage obéit à de nouvelles règles de représentation. La toile de peinture est remplacée par la toile du net, l’écran, la scène ou l’espace de l’installation. Ce que l’on nommait précédemment nature, est remplacé par l’artificialité d’une société organisée et territorialisée médiatiquement. Un paysage territorial apparaît peut-être. Mais que signifie précisément ce paradoxe. Comment pouvons-nous investir un paysage territorial, mi-représentation visuelle, mi-expérimentation spatiale ? Comment peut-on concevoir ce paysage, ce mélange entre représentation et expérimentation corporelle, ou tout du moins relevant d’une logique d’expérimentation corporelle. Comment se construisent ces nouveaux territoires artificiels ?

La photographie apparaît essentielle dans la formulation de ce paysage. C’est le premier médium de représentation du réel qui nous impose la remise en question du concept de réel unique, premier médium qui donne à voir un réel plus que réel. Elle nous permet alors de poursuivre notre investigation médiatique et étend notre concept de réel à la notion de mondes. Un inconscient optique, dans un premier temps, puis une structure médiatique, apparaissent.

Un déplacement se produit. « Le message, c’est le médium » et la technologie nous influence. L’électricité abolit le système mécanique, et des compositions électroniques, des paysages numériques prennent place dans une structure de représentation dont la logique ne correspond plus seulement à l’organisation passée d’un visuel figé, mais à la pénétration d’une « image-relation ». Le paysage ne se regarde plus dans la remémoration du hors-cadre mais dans son expérimentation. Les nouvelles technologies nous donnent alors à voir des paysages construits selon des logiques nouvelles introduisant le temps, l’espace et nous focalisant sur le lien plus que sur l’élément lié.

La notion même de territoire, espace délimité reconnu dans son expérimentation corporelle, se trouve modifié par l’influence technologique. De nouveaux territoires apparaissent alors que l’espace « réel » implose dans notre corps, alors que notre corps expérimente dorénavant des territoires virtuels. Le territoire se métamorphose dans l’artifice et nos corps se glissent dans le territoire médiatique, pénètrent la réalité artificielle alors que la vidéo devient arbre de notre paysage territorial. Le territoire s’expérimente selon la logique du « rhizome » ? Sommes-nous placer dans un « pur devenir » ? Comment déplaçons-nous entre les strates paysagères, dans ce nouvel interstice paysager ? Si les précédentes propositions peuvent paraître obscures, l’ensemble des textes suivants tente de les éclairer. Ce travail est une tentative de construction d’un paysage territorial. Les textes sont thématiques et ne correspondent pas à une analyse ordonnée, conforme aux trois parties distinguées précédemment, mais reposent sur l’exploration de chapitres interagissants ensemble afin de créer un champ d’interaction d’idées, non hypertextuelle, basé sur l’expression de lignes de fuites, autour des trois thèmes énoncés précédemment : le médium, la technologie, le territoire. Le Cd-rom doit être considéré comme la version finale de l’expérimentation. Il n’a pas été pensé comme illustration plastique de l’ensemble des théories exposées dans ce mémoire, mais comme un agencement précis correspondant à une tentative de constitution d’un paysage territorial. Le rendu textuel conventionnel, ce mémoire, est une nécessité universitaire dont la structure a été calquée sur le cd-rom. Ne suivez donc pas l’ordre de lecture proposé par le plan et maltraitez la structure de cette maîtrise par une lecture désordonnée et aléatoire.

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